Pascal Lambert, dirige la Société Générale pour l’Asie du Sud Est et l’Inde depuis Singapour et travaille à nos côtés depuis 2013, d’abord en temps que partenaire et, plus personnellement comme membre officiel du board de l’organisation à Singapour depuis 2016. Rencontre avec un homme hyperactif aussi humble que talentueux. Ensemble découvrons son parcours, son rôle, sa vision de la mission de Passerelles numériques.

By Anne-Isabelle de Gentile, PN Asia External Relations & Development Manager

Pour commencer accepterais-tu de nous raconter ton parcours et comment celui-ci t’a mené en Asie, à Singapour ?

Cela risque d’être long (rires).

Je suis né et éduqué en France, à Toulon, puis à Paris. Diplômé de l’ESSEC en 1980, j’ai très vite exprimé le souhait de partir à l’étranger parce que le passé de ma famille est très lié à l’Asie : mon grand-père était dans la fonction publique française en Indochine, ma mère est née au Vietnam (Nam Dinh), mon grand-père a servi dans l’administration coloniale en Indochine  entre 1935 et 1947 et a ainsi traversé toute la période de la Seconde Guerre Mondiale en Asie.

Pour l’anecdote, ma mère est une bonne amie de la reine Monique du Cambodge avec laquelle elle communique encore. Je l’ai d’ailleurs rencontrée il y a 4 ans !

En fait, l’Asie a toujours été un choix, un objectif, même si mon parcours a été assez tortueux !

Après un VSNE (Volontaire du Service National en Entreprise) en Tunisie à l’Ambassade de France, j’ai rejoint IndoSuez qui étaient l’une des seules banques qui envoyaient alors les jeunes diplômés immédiatement à l’étranger. Ont suivi 4 ans à Djibouti puis Mumbai et Tokyo. En 1993, j’ai rejoint Bear Stearns à Hong-Kong où j’ai rencontré celle qui deviendra mon épouse. Retour en Europe à Dublin puis à Londres. J’ai ensuite été rappelé à Hong-Kong pour être COO de l’Asie.

Un an plus tard, Bear Stearns faisait faillite et était repris par JP Morgan. En 2009, je rejoignais la Société Générale à Hong-Kong avant d’arriver à Singapour en 2012.

J’avais prévu de te demander si l’Asie était un choix en raison de sa qualité de place financière dynamique, de l’amour que tu as pour sa culture ou par amour tout court …

Et bien tu vois c’est surtout un peu des deux dernières raisons. Avoir une épouse Asiatique renforce encore davantage mon ancrage dans cette partie du monde.

Conférence organisée par Passerelles numériques en novembre 2018 à Singapourre

Pascal, I know you have many activities, could you describe them briefly?

Je suis responsable Asie du Sud-Est et Inde pour la Société Générale, Dans cette zone, nos activités sont exclusivement du domaine de la banque d’investissement. Nous avons sur Singapour environ 300 personnes, une centaine en Inde et aussi des bureaux au Vietnam, Indonésie, Malaisie, et Thaïlande.

Je suis également Président de la Chambre de Commerce Française de Singapour depuis deux ans, et aussi Conseiller du Commerce Extérieur de la France. J’ai été un moment au Conseil d’administration de l’Alliance Française mais il ne me paraissait pas très raisonnable de cumuler toutes ces positions, au risque de ne plus être très efficace.

J’ai également accepté de rejoindre récemment l’Advisory Board de la Nanyang Business School, qui me permettra de développer un ancrage plus local avec le système éducatif singapourien,

J’ai joué pendant 4 ans, comme guitariste, dans un groupe de rock à Singapour : Savoy Truffle, dont la dernière performance a eu lieu le 21 avril de cette année au jardin botanique de Singapour avant de renaître autrement.

Et puis bien sûr, je suis membre du Conseil d’administration singapourien de Passerelles numériques.

Une question me taraudait depuis longtemps mais elle est encore plus évidente en entendant cette longue liste de rôles : comment fais-tu ?

(Rires) Et bien tout d’abord ma priorité reste bien sûr la Société Générale !

Le secret, c’est le juste équilibre entre délégation et information. Ce que les anglais appelleraient l’empowerment.

Et l’autre clé est ma capacité à prendre des décisions rapidement. Peut-être parfois un peu trop mais je n’aime pas m’embarrasser de longues discussions, je digère rapidement les informations et tranche en conséquence.

Je suis toujours connecté et j’essaie de répondre immédiatement. C’est sans doute aussi les résultats de ma formation en banque d’investissement : 15 ans chez Bear Stearns, ça marque !

Pour le reste, nos deux aînés ont quitté le foyer, j’ai plus de temps depuis que je ne passe plus mes week-ends à les accompagner au foot, aux échecs, à la musique et autre…

Visite et discussion avec l’équipe de Passerelles numériques au Vietnam en octobre 2018

Pascal, accepterais-tu de nous parler de ton parcours d’homme engagé ?

Il est finalement assez récent. J’ai reçu une éducation catholique, scolarisé chez les Marianistes jusqu’à mon bac. C’est pour la messe à l’école que j’ai appris mes premiers accords de guitare. C’est chez Bear Stearns que j’ai commencé à soutenir financièrement les ONG, la banque exigeant qu’un pourcentage fixe de nos émoluments soient versés tous les ans à une ONG éligible. Et réminiscence de ce passé chez les Marianistes, ce sont d’abord les Missions Catholiques que j’ai alors soutenues.

Passerelles numériques est une heureuse coïncidence. Benoit (NDLR Benoît Génuini, Président de Passerelles numériques de 2006 à 2018) souhaitait présenter un projet auprès de la Fondation Société Générale à Paris en 2013. Le projet de PN était parfaitement aligné avec les axes d’engagement de la Fondation mais pour être accepté, il fallait un relais sur le terrain. C’est ensuite une histoire :

  • de timing : l’appel de la Fondation à mon attention est arrivé au moment où nous nous interrogions sur notre responsabilité sociale (RSE),
  • puis de rencontre avec Benoît avec qui le contact est toujours très facile, c’est quelqu’un de charismatique.

Et nous avons débuté notre partenariat avec le Vietnam, puisque nous avons une présence dans le pays (Bureau de représentation à Hanoi).

Et pourrais-tu nous parler de ta première expérience dans notre centre au Vietnam ?

Depuis, à chacune de mes visites, je suis frappé par la joie et les sourires des jeunes. Chaque jeune que je croise me salue avec un sourire. C’est tellement extraordinaire cet optimisme quand on imagine l’origine si peu privilégiée de ces derniers ! C’est aussi ce que nous remontent les employés de la Société Générale quand ils reviennent de mission sur le terrain. Je suis aussi marqué par l’engagement des équipes et volontaires de PN. Leur engagement, leur motivation et implication forcent le respect.

Que dirais-tu que ton engagement t’apporte ?

La satisfaction de sentir, qu’à mon niveau, je peux faire une différence et avoir une valeur ajoutée. Trouver des sources de financement est bien entendu crucial pour permettre la continuité des opérations de PN. Savoir que lorsque j’apporte un nouveau partenaire financier, j’aide des jeunes à briser durablement le cercle de la pauvreté pour eux et pour leurs familles, est une puissante satisfaction.

Intervention lors d’une conférence organisée par Passerelles numériques en mai 2017 à Singapour

Recommanderais-tu aux autres de s’engager ?

Absolument !

Au niveau de la Société Générale, je constate toujours la satisfaction ressentie par nos équipes lorsqu’elles reviennent de mission.  A ce registre le modèle de mécénat de compétences de PN est remarquable. Comme disait Benoît et comme Maud le répète aussi (Maud Lhuillier, Directrice Asie), il est important qu’un volontaire qui s’engage à apporter quelque chose, s’investisse dans sa mission. Cette mission répond à des besoins exprimés par le centre, avec une procédure de « recrutement » qui assure le matching avec les compétences du bénévole. Au final, c’est une formule dont chacun sort gagnant. D’une part, l’entreprise a un employé qui a confronté son expertise à un nouveau contexte et revient motivé et fier de son entreprise. De l’autre, l’employé donne du sens à son travail et PN a accès à des compétences dont il ne dispose pas en interne !

Point de volontourisme chez PN : ni de mur à repeindre ni de stage pour jeune désœuvré en quête d’une ligne valorisante sur son CV.

Ce sera le mot de la fin, si tu devais parler de PN en quelques mots ?

On entend parfois que Passerelles numériques n’a pas la taille critique, l’échelle pour attirer de gros bailleurs mais d’un autre côté je pense que cela lui donne une dimension plus tangible.

Pour mes collaborateurs et moi, pouvoir s’investir ainsi, dans des pays à la fois très proches de nous géographiquement et pourtant très éloignés en termes à la fois de développement et de  réalité quotidienne de notre travail à la Société Générale, permet de toucher du doigt certains problèmes de la région et voir qu’on peut avoir un impact, même marginal.

Si tous les impacts s’additionnent petit à petit la réalité change…

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